Il mesure 1,40 m, il s’appelle Romeo, sa bouille affiche un gentil sourire et il prendra soin de vous 24 heures sur 24. Car Romeo est un robot. Il a été créé par la société française Aldebaran Robotics, déjà à l’origine des robots stars Nao (devenu célèbre dans l’émission Salut les Terriens) et Pepper. Rodolphe Gelin, ingénieur en robotique et directeur de recherche chez Aldebaran Robotics, nous en dit plus sur ce qui deviendra peut-être l’auxiliaire de vie préféré des personnes âgées dépendantes.

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Romeo, le futur compagon des personnes âgées. ©Aldebaran Robotics

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est un « robot compagnon » et en quoi il peut venir en aide aux personnes qui ont perdu leur autonomie ?

Un robot compagnon, c’est un robot qui partage notre vie quotidienne et personnelle. Il a pour rôle de la rendre plus sûre, plus facile. On pense beaucoup aux personnes en situation de dépendance à Aldebaran Robotics, parce que les robots compagnons peuvent leur rendre service. Ils peuvent rappeler à une personne dépendante de prendre ses médicaments, mais ils peuvent aussi voir si la personne marche moins vite, si elle parle moins que d’habitude, et par conséquent appeler des personnes pour lui venir en aide.

Romeo est l’exemple le plus connu de ce type de robots conçus par Aldebaran. Est-ce que vous pouvez nous raconter comment vous avez eu l’idée de le créer et à quel stade de développement il en est ?

Romeo, c’est un projet de recherche. C’est un sujet sur lequel on teste de nouvelles technologies, de nouveaux usages. Il est principalement destiné aux personnes âgées. Nous essayons des tas de petites choses dessus, de nouvelles commandes, de nouvelles technologies…Romeo a été créé en 2009, il y a donc six ans, et il n’avance pas aussi vite que prévu parce que nous donnons la priorité à d’autres projets, comme Nao ou Pepper.

Pour Romeo, on travaille avec un centre de rééducation pour les personnes âgées : cela nous aide à identifier les besoins. Depuis la dernière édition d’Innorobo en 2014, on le fait mieux progresser : il commence à marcher et il peut prendre des objets dans ses mains !

Le robot pourra-t-il totalement remplacer les aidants humains pour les personnes en situation de dépendance ? Quelles tâches pourra-t-il prendre en charge ? Quelles sont ou seront ses limites ?

Le début et la fin de votre question se rejoignent. Un robot ne pourra pas remplacer totalement l’assistance humaine. Un robot qui pourra effectuer des tâches aussi élaborées qu’aider les gens à se laver, ça n’arrivera pas avant très longtemps. Le paradoxe, c’est que lorsqu’on interroge des personnes, certaines préfèrent que des tâches très intimes comme celle-ci soient effectuées par des machines, alors que d’autres préfèrent que ce soient des humains qui les aident.

On ne veut pas que le robot prive les personnes de contact humain. Cependant, les aidants ne peuvent pas être constamment présents aux côtés des personnes âgées : en attendant qu’ils puissent leur venir tout le temps en aide, nous créons des robots.

Un robot dans les foyers de chaque personne dépendante : c’est votre rêve ? Quand pensez-vous que cela se produira ?

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Un robot ne pourra pas remplacer totalement l’assistance humaine. ©Aldebaran Robotics

On voudrait que les gens qui ont besoin de robots en aient tous. Il faut que la technologie soit prête pour que les gens ayant ce besoin puissent en disposer. Si l’on pense à un robot qui soit un petit ange gardien, qui puisse faire des rappels à la personne dépendante, par exemple, il est possible qu’il soit à la disposition des personnes dépendantes dans trois ou cinq ans. Cela pourra être un robot comme Nao ou un objet plus simple, non humanoïde. Tout dépendra de la forme du robot et de la vitesse à laquelle les robots progresseront. Pour un robot qui soit un assistant total, il faudra attendre dix, quinze, voire vingt ans. C’est difficile à prévoir.

Je sais que vous êtes très optimiste sur le sujet de l’intelligence artificielle, contrairement à certains, je pense notamment à Stephen Hawking, Bill Gates ou encore Alain Damasio. S’il est vraiment pessimiste de penser que les robots vont dominer l’humanité, il y a une autre position assez peu abordée : des robots capables d’empathie, potentiellement doués d’émotions au fil du temps, qui peuvent ressentir la souffrance et être malheureux ?

(silence)  Je pense à l’Apprenti sorcier dans Fantasia : nous sommes responsables des objets que nous créons. Il faut à tout prix que la sécurité se développe aussi vite que l’objet. Il faut imaginer des freins et des sécurités nécessaires.

On peut simuler des émotions chez un robot, et il peut les reconnaître chez les gens. Mais ça reste de la simulation : la machine ne ressent vraiment rien. Ça ne signifie rien pour elle. C’est au créateur de décider, par exemple, si le robot en est à 10 dans son capital tristesse. Bien sûr, les robots vont apprendre à reconnaître de plus en plus d’émotions, y compris l’ironie et le sarcasme. Mais est-ce vraiment intéressant de doter les robots d’émotions ?

Si un robot fait face à une personne triste, quelle émotion doit-il simuler ? De la joie pour la motiver, ou de la tristesse si la bonne humeur irrite la personne dans ce genre de moment ? Ça dépendra du profil de la personne en question. La robotique permet de mieux comprendre les gens.

A terme, chaque robot serait donc paramétré selon le profil psychologique de son propriétaire ?

Oui, exactement.

On connaît déjà Romeo, Nao et Pepper, les robots stars d’Aldebaran Robotics. Avez-vous d’autres projets de robots humanoïdes en cours dont vous pouvez nous parler ?

Nous en avons d’autres, oui, mais nous ne pouvons bien sûr pas en parler. (rires)

Quels sont les partenaires institutionnels de l’entreprise ? De quels fonds bénéficient-ils ?

Nous avons BPIfrance, l’Europe, l’Agence Nationale de la Recherche, la DGE. Il y a aussi l’Administration fiscale et le crédit d’impôt recherche. C’est grâce à eux qu’on en est arrivés là, mais aussi grâce à des investisseurs privés et internationaux : le principal est japonais. Les fonds de développement sont plus difficiles à trouver : ce sont les fonds publics qui financent nos recherches.

A propos d’Aldebaran Robotics

Créée en 2005 à Paris par Bruno Maisonnier, Aldebaran Robotics est une entreprise spécialisée dans robotique. Elle est leader dans le domaine de la robotique humanoïde. Présente dans 70 pays, elle compte 450 employés. En mars 2012, la société japonaise SoftBank a acheté 80 % du capital d’Aldebaran. En mars 2015, SoftBank détient officiellement 95 % du capital d’Aldebaran et Bruno Maisonnier annonce sa démission. Le nouveau PDG de l’entreprise n’est autre que le président de SoftBank, Fumihide Tomizawa.

Le dernier fait d’armes d’Aldebaran remonte à quelques jours. Proposés à des développeurs japonais, les 300 premiers robots Pepper destinés à la vente ont été attribués en une minute.

En attendant que Romeo vous aide dans votre vie quotidienne, n’oubliez pas que les assurances dépendances vous permettent d’aborder sereinement le financement de la perte progressive d’autonomie.

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