Nous sommes allés à la rencontre de Brigitte Lardy, responsable du magasin de pompes funèbres L’autre rive dans le quartier lyonnais de la Croix-Rousse. Une invitation à voir la mort autrement.

Les murs et le sol sont clairs, la lumière du jour rentre par les vitres. Quelques fleurs, des meubles en bois bien disposés et une jolie décoration contribuent à la sensation d’espace. Difficile de croire qu’on se trouve dans un magasin de pompes funèbres. Urnes et modèles de plaques funéraires colorées sont là pour nous le rappeler. L’autre rive, situé Grande Rue de la Croix-Rousse à Lyon, ne ressemble à rien de connu. Et pour cause.
Apprivoiser la mort
« Je suis tombée sur L’autre rive par hasard à Paris, explique Brigitte Lardy, qui tient le magasin implanté à Lyon. La boutique correspondait à un manque que j’avais ressenti devant les autres magasins de pompes funèbres. Ça correspondait à ce que je voulais faire. » L’autre rive a été créée en 2001 et compte deux autres boutiques dans la capitale. En France, ces magasins n’ont pas d’équivalent. Pour en trouver de semblables, il faut aller au Québec, où l’enseigne Memoria présente plusieurs points communs avec L’autre rive, comme l’écoute des familles.

« Le rapport à la mort a changé depuis la deuxième guerre mondiale, analyse Brigitte Lardy. On parle de la mort en permanence. Les médias montrent des vidéos de décapitations et il n’y a presque plus de films qui ne montrent pas un enterrement. Mais quand votre voisin meurt, tout le monde l’ignore. » Est-ce que sa boutique est un moyen de dédramatiser la mort ? « Je veux recevoir les gens, leur dire que la vie continue, insiste-t-elle. C’est un moyen d’apprivoiser la mort. » Tenir un magasin de pompes funèbres a-t-il changé son rapport à la mort ? « Oui, ça m’a rendue plus sereine vis-à-vis de ça. »
L’autre rive, version 2.0 des pompes funèbres ?
Brigitte Lardy vient de la mode, et nul doute que cela influence son travail au sein de l’enseigne. La boutique propose par exemple des cercueils en ardoise sur lesquels les proches peuvent écrire. Les urnes, elles aussi, sont inhabituelles : il y en a en sable, terre ou sel. On trouve aussi des urnes en verre soufflé, conçues par la designeuse Roxane Andrès. Peut-on parler d’art funéraire ? Brigitte Lardy acquiesce. Avant de raconter une anecdote qui reflète bien sa vision du métier : « J’ai vu les images de l’enterrement d’Yves Saint-Laurent à la télévision. Si j’avais dû m’occuper de ses funérailles, la première chose que j’aurais faite, ça aurait été de lui concevoir un cercueil marinière ! » En attendant, elle vend des cercueils peints par des stylistes.

Du côté des cercueils, justement, Brigitte Lardy prône le changement. Sa démarche est non seulement esthétique, mais aussi écologique. Ainsi, elle aimerait vendre des cercueils avec des capitons faits de lin issu des forêts éco-responsables. « En Irlande, il existe des cercueils en laine, mais c’est interdit en France, déplore-t-elle. En Angleterre, il y a aussi des cercueils en osier ou en jonc. Il y a encore du boulot ! »
Brigitte Lardy, qui assemble elle-même les bouquets de fleurs et participe aux cérémonies d’obsèques, propose une nouvelle version des pompes funèbres : « L’idée de légèreté est très présente, mais les symboles sont toujours là ».
Pompes Funèbres L’Autre Rive
95 Grande rue de la Croix Rousse
69004 Lyon
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