Les frontaliers vivant en France et travaillant en Suisse seraient-ils coupable de tous les maux ? C’est ce que sous-entend Eric Stauffer, fondateur du Mouvement Citoyens Genevois (MCG), qui souhaite se faire élire en octobre 2013 comme ministre dans l’exécutif local. Parmi ses cibles favorites, les frontaliers sont régulièrement cités.
Plus de frontaliers depuis les accords bilatéraux ?
La Tribune de la Genève relève que leur nombre aurait augmenté de 12% en deux ans et qu’ils seraient actuellement 63800 à vivre à la frontière et à travailler en Suisse. Dans les services publics (hôpitaux, transports), l’effectif serait composé jusqu’à 30% de frontaliers.
Les accords bilatéraux France/Suisse, signés en 2002, auraient amplifié le phénomène frontalier. En effet, les avantages sont nombreux : salaire moyen à 5500€ et logement en France, moins coûteux qu’en Suisse – entre autres. Ces candidats, très qualifiés, sont prêts à occuper n’importe quel poste, même sous-qualifié.
Une tension palpable entre résidents et frontaliers
Mais la grogne monte : avec 5.3% de chômeurs dans le canton de Genève, les frontaliers sont régulièrement accusés de profiter d’emplois au détriment de la population locale. Dans certains milieux, on les accuse également d’être à l’origine de la hausse de prix (carburant, alimentaire) mais aussi de la hausse de la criminalité et la dégradation des droits du travail. Voitures immatriculées en France vandalisées, haussement de tons entre Genevois et frontaliers… : il ne fait pas bon vivre à la frontière.
Frontalier, un régime qui rapporte à la Suisse ?
Pourtant, Le Monde rappelle que les frontaliers ne coûtent rien au canton sur le logement et les soins médicaux. En effet, les Frontaliers doivent s’assurer eux-mêmes grâce à une assurance santé frontalier privée ou bien en s’affiliant au régime de base obligatoire suisse, LaMal. Ils auraient même rapporté 200 millions en 2012, grâce à l’impôt à la source.
Toutefois, les accords bilatéraux prévoient la disparition de cette possibilité de bénéficier d’une assurance privée. Les Frontaliers basculeront automatiquement vers une assurance obligatoire collective en France (CMU) ou en Suisse LAmal). Cette mesure coûtera 8% du revenu fiscal imposable (sans compter la complémentaire santé à payer en sus), qui pèsera très lourd dans le portefeuille des ménages frontaliers.
Pour l’Association des transfrontaliers franco-suisses, cette mesure est un résultat « du fond de xénophobie accrue à l’encontre des travailleurs frontaliers ».
Pour illustrer ces propos, une vidéo au ton plus léger, parodie de la célèbre chanson de Psy par la radio One FM met en scène un Genevois amateur de Porsche et qui n’aime pas « les Frouzes » (comprendre les français).
Sources : Le Monde, L’Association des transfrontaliers franco-suisses