Scandales sanitaires (médiator, pilule…), désert médical, perte de confiance : voici tout autant de raisons qui poussent des patients à se tourner vers la médecine non officielle. Pour le meilleur et hélas, parfois, pour le pire… La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a pour mission de contrer ces phénomènes sectaires dans le monde de la santé. Pour renforcer son action, une convention a été signée entre la Mission et la mutualité Française. Explications.
40% des Français auraient recours aux médecines alternatives
Aujourd’hui, la Miviludes estime que 4 Français sur 10 et 60% des personnes atteintes d’un cancer seraient séduits par la médecine non officielle. Attention, il ne faut pas confondre ce type de médecine avec les médecines douces, qui sont, elles, connues et autorisées. Il s’agit par exemple de l’homéopathie, l’ostéopathie, l’acupuncture, la phytothérapie, etc.
Les médecines non-officielles que la Miviludes évoque concernent les pratiques à risque de dérives sectaires, émanant de groupes régionaux ou nationaux. Ces « charlatans » profitent de la faiblesse des patients. Régulièrement, les tribunaux condamnent ces escrocs pour homicide involontaire, non-assistance à personne en danger, escroquerie, pratique illégale de la médecine, etc. Ce n’est pas un phénomène nouveau, mais il connaît un développement exceptionnel ces derniers mois.
La Miviludes a déjà recensé 400 pratiques non-conventionnées et 1800 structures d’enseignement ou de formation à risques. Par ailleurs, 4 000 « psychothérapeutes » n’ont suivi aucune formation et ne sont pas enregistrés, et enfin 3000 médecins seraient en lien avec la mouvance sectaire.
Qui sont ces patients intéressés par ces pratiques ?
D’après le Miviludes, les patients attirés par les dérives sectaires ne sont pas seulement des personnes fragiles ou seules. Il existe des victimes parfaitement insérées dans la société. Dans le rapport des dérives sectaires de la santé émis par le Miviludes, de nombreux témoignages de familles de victimes décrivent des situations tragiques où un membre de la famille tombe entre les mains d’un « gourou » par peur de la maladie, grâce aux arguments fallacieux et aux promesses de guérisons rapides.
Ces témoignages, très émouvants, pourraient malheureusement décrire la situation de tout un chacun. Personne n’est véritablement à l’abri de ces tentations.
Les dangers de ce marché alternatif
Ces non-professionnels de la santé rattachés à des sectes exercent une emprise mentale sur les malades, afin de les dépouiller de leurs ressources. Le phénomène sectaire bénéficie d’une forte capacité à réagir, à changer et à s’adapter à ses victimes. Notons que, pour le Miviludes, une thérapie devient sectaire lorsque le patient rompt avec sa famille, ses proches, son milieu et surtout avec ses soins habituels voire même l’arrêt total des traitements conventionnels, par exemple pour un malade du cancer.
Comment les mutuelles peuvent aider le Miviludes à lutter contre les sectes ?
En s’associant à la Mutualité Française qui regroupe environ 500 mutuelles qui couvrent elles-mêmes pratiquement 38 millions de personnes, la Miviludes peut potentiellement sensibiliser encore plus de personnes. En plus du site internet, la Miviludes souhaite communiquer par le moyen de brochures envoyées directement dans les foyers français.
Le saviez-vous ? 5 conseils pour reconnaître un charlatan
Contacter des professionnels de santé, en plus de votre médecin traitant et de tout autre spécialiste, est votre droit. Quelques éléments du discours de la personne que vous rencontrerez peuvent vous alarmer : n’hésitez pas à contacter la Miviludes et à changer d’interlocuteur.
- Dénigrement de la médecine conventionnelle, des traitements prescrits et de l’équipe médicale qui vous suit,
- Incitation à stopper les traitements,
- Promesses de guérisons miracles,
- Utilisation d’un vocabulaire qui emploie des mots tels que : ondes cosmiques, cycles lunaires, dimension vibratoire, purification, cosmos, conscience…
- Propositions financières douteuses : séances gratuites, règlement à l’avance, achat d’appareils douteux aux prix exorbitants, etc.