Certains opticiens s’arrangeraient avec la facture ! C’est ce que vient de révéler l’UFC-Que Choisir, à quelques jours de la parution du futur décret sur les remboursements. Publiée le 20 mai, cette nouvelle enquête vient relancer le débat sur l’optique en France.

Les opticiens étaient déjà accusés d’une part de se ménager des marges excessives, d’autre part de pousser les clients à acheter des lunettes correspondant au maximum remboursable. Ils sont aujourd’hui dans le collimateur de l’UFC-Que Choisir pour une question de fraude sur les prix.
Une combine répandue
Pour cette enquête, 1 188 opticiens ont été visités soit 10 % de l’effectif total. Les enquêteurs se présentaient comme des clients venant se renseigner. Ils choisissaient ensuite une monture plus chère que leur montant de remboursement maximum.
Près d’un vendeur sur cinq (17,9 %) a alors proposé spontanément une falsification de la facture envoyée à la mutuelle. La manœuvre ? Augmenter le prix affiché pour les verres et diminuer celui de la monture. Cette solution arrivait en seconde place après celle de choisir des lunettes moins chères.
UFC-Que Choisir précise que cette pratique a été plus constatée chez les magasins indépendants, ayant moins de revenus, que chez les grandes enseignes. Selon, l’association, cette fraude entraînerait quand même 142 millions d’euros par an de surcoût sur les cotisations des Français.
Des prix qui s’envolent
Ces pratiques participeraient à augmenter le prix des lunettes françaises, les plus chères en Europe selon l’UFC-Que Choisir (en moyenne 470 €).
Mais l’enquête pointe aussi du doigt les garanties optiques de plus en plus élevées des mutuelles et l’augmentation des cotisations. En améliorant le remboursement, elles laisseraient ainsi le champ libre aux opticiens pour faire monter les prix.
Suite à l’enquête, la Mutualité Française a réagi en appuyant le discours de l’UFC-Que Choisir. « Cette enquête rend d’autant plus nécessaires les propositions que nous faisons de réguler ce marché par la limitation des remboursements et d’autant plus actuel le développement rapide des réseaux d’optique conventionnés » a affirmé son président Étienne Caniard.
Parmi les opticiens, Optic 2000 a aussi répondu hier, mercredi 21 mai, affirmant que l’enseigne était prête à renforcer la lutte contre ces fraudes.
Avec son futur décret sur l’optique, le gouvernement entend baisser les prix des montures. Si les parties prenantes sont divisées sur la question, le plafonnement est vu par le gouvernement comme un moyen de restituer du pouvoir d’achat aux Français. Rappelons que, selon la Mutualité Française, près de 2 millions de Français ont déjà différé ou renoncé à des soins optiques pour raisons financières.
L’UFC-Que Choisir peu convaincue par le plafonnement
L’association trouve le plafonnement prévu « insuffisant » et mal « calibré ». Elle juge, de plus, qu’il arrive trop tard, les prix étant déjà beaucoup trop hauts pour pouvoir diminuer réellement.
L’association souhaiterait que le gouvernement encourage plutôt le « développement encadré des réseaux de soins ». Cette action aurait, selon l’UFC, un vrai impact sur le pouvoir d’achat des consommateurs.