Après les auto-entrepreneurs pour préserver leur statut, les agriculteurs contre l’écotaxe et les sages-femmes pour leur rémunération et l’amélioration de leur statut, c’est au tour des 750 000 personnes exerçant en tant que profession libérale de faire entendre leur exaspération. Fiscalité trop lourde, réglementation tatillonne et retraites sacrifiées : le ras le bol se fait savoir. L’UNAPL (Union nationale des Professions Libérales) lance une mobilisation baptisée « Les asphyxiés » afin de sensibiliser l’opinion publique à leur cause.
Trois revendications pour les libéraux
Les professionnels libéraux mettent le doigt sur différentes revendications qui touchent la fiscalité, les retraites et leur représentation en tant qu’employeur au niveau de l’État.
Des revendications fiscales :
- La contribution sociale généralisée (CSG) est en bonne voie d’augmenter dans le projet de réforme fiscale (en fusionnant avec l’impôt sur le revenu). Pour Michel Chassang, président de l’UNAPL, cela représenterait un quadruplement de la CSG pour ces travailleurs.
- La cotisation foncière des entreprises (CFE) a succédé à la taxe professionnelle, et l’article 57 de la loi de financement de la Sécu prévoit une hausse de 40% de la CFE pour les Travailleurs Non salariés concernés, soit 80% d’entre eux !
Des revendications liées à la retraites :
- Les libéraux craignent que le gouvernement mette les réserves de leurs caisses complémentaires (21 milliards d’euros) sous tutelle, économisés afin de financer les départs à la retraite des baby-boomers.
- -La dernière réforme des retraites reconnaît la pénibilité du travail, mais cela ne concerne pas les spécialistes comme, par exemple, l’anesthésiste. Ainsi, l’anesthésiste qui travaille 25h d’affilée ne pourra pas partir 2 ans plus tôt à la retraite, contrairement à ses équipes.
Enfin, les professionnels libéraux estiment qu’ils ne sont pas suffisamment bien représentés en tant qu’employeur. En effet, l’UNAPL n’est pas considéré comme représentative au niveau interprofessionnel, contrairement au MEDEF, par exemple. Pour elle, c’est le comble, car elle représente 1 million de salariés, soit 25% du secteur marchand ! D’après l’UNAPL, les libéraux créent 100 milliards d’euros de valeur ajoutée par an.
Ces travailleurs non salariés doivent donc jongler avec différents réglementations, pour leurs propres fonctions et en tant qu’employeur. De plus, chaque métier comporte un volet bien particulier concernant leur complémentaire santé et leur prévoyance, inégalement prise en charge par les Caisses concernées. Certes, la loi Madelin leur permet de déduire une partie de ces frais de leurs charges, mais cela ne facilite pas la compréhension.
On ne peut pas imaginer que l’État réponde rapidement aux demandes des libéraux, qui représentent 27% des entreprises françaises ! En effet, les libéraux englobent des métiers aussi divers et variés que les médecins, les géomètres, les professeurs de musique, les avocats, etc. Les agriculteurs bretons ayant eu une réponse favorable à leurs exigences, les libéraux devraient avoir toutes leurs chances et réussir à se faire entendre ! Dans le cas contraire, les libéraux menacent l’État de fusionner avec la lutte des artisans. Le chantage sera-t-il payant ?
Une campagne de sensibilisation grand public
L’UNAPL lance la mobilisation aujourd’hui, sous forme de distribution de tracts et d’une pétition « les métiers de la vie, moi j’y tiens », ainsi que des pancartes dans les cabinets et sur les réseaux sociaux.