La pension des hommes est presque deux fois supérieure à celle des femmes ! Le 21 mai dernier, le Conseil d’orientation des retraites (COR) a examiné les écarts de retraite entre les sexes. Si la différence reste importante, la situation s’améliore toutefois au fil des générations…
Derrière l’écart entre les montants de la pension, se cachent divers facteurs comme la durée de carrière et le niveau de salaire, mais également certaines mesures de compensations.
Le montant des pensions de retraite
La pension de droit direct (c’est-à-dire hors réversion ou majoration) des hommes étaient en 2012 en moyenne 1,74 fois plus importante que celle des femmes. Un écart important qui s’améliore toutefois au fil des années.
En effet, si l’on s’intéresse au rapport entre les montants (pension des femmes / pension des hommes) en 2011, on s’aperçoit qu’il augmente au fil des générations :
- la génération née en 1946 avait ainsi un rapport de 64 % pour le montant de droit direct ;
- celle née en 1939 en avait un de 59 % ;
- et enfin celle née en 1924 avait un rapport s’élevant à 48% seulement.
En comparant directement les rapports de l’ensemble des retraités et de ceux alors âgés de 65 ans, on constate que ces derniers ont un rapport de 5 points plus haut (58 % contre 64 %).
Sachant que les taux de cotisations légaux sont les mêmes selon les sexes, ce sont donc d’autres phénomènes qui creusent l’écart. Le COR compte ainsi parmi ses missions l’analyse des « phénomènes pénalisant les retraites des femmes, dont les inégalités professionnelles, le travail à temps partiel et l’impact d’une plus grande prise en charge de l’éducation des enfants ».
Des inégalités de salaire et de durée de carrière
De quoi dépend le montant des pensions de retraites ? Principalement du temps de carrière et du salaire perçu. Or les femmes sont désavantagées sur ces deux points par rapport aux hommes, ce qui explique l’écart de pension de retraite.
Un salaire inférieur
La différence de salaire moyen entre femmes et hommes s’élèvent environ à 30 % en France. Il est dû à un écart de taux horaire mais également à un écart sur le temps travaillé.
Une carrière moins longue
En effet, les femmes travaillent plus souvent que les hommes à temps partiel. Et la naissance et l’éducation des enfants a souvent un impact bien plus important sur leur durée de carrière. Pourtant encore une fois, cette différence a tendance à s’estomper. Ainsi pour la génération née en 1942, le taux de proratisation moyen des femmes s’élève à près de 90 % de celui des hommes. Tandis qu’il n’est que de 75 % pour la génération de 1924. Cette amélioration est liée à certaines mesures instaurées pour compenser l’écart entre les sexes.
Les mesures de compensation
L’état des lieux prend aussi en compte les dispositifs mis en place pour compenser l’influence de certaines spécificités liées aux carrières féminines.
Les droits familiaux
La plupart des régimes de base et des régimes complémentaires accordent des droits familiaux. On peut citer notamment :
- la majoration de durée d’assurance (MDA) accordée pour la maternité et l’éducation des enfants ;
- l’allocation vieillesse des parents au foyer (AVPF) accordée aux parents n’ayant pas d’activité professionnelle pour élever les enfants ;
- les majorations pour l’éducation d’au moins trois enfants qui bénéficient cette fois-ci davantage aux hommes (vu qu’il s’agit d’un bonus de 10 % sur la pension).
Modification du dispositif carrière longue
Le dispositif carrière longue peut permettre un départ anticipé à la retraite si la durée de cotisation est suffisante. Certaines périodes comme la maternité sont aussi prises en compte. La loi du 20 janvier 2014 a permis de faire de tout trimestre maternité un trimestre cotisé (limité à un trimestre de maternité par enfant).
Le temps partiel pris en compte
La plupart du temps le calcul de durée d’assurance se fait à partir de la rémunération et d’un seuil minimal d’heures au cours de l’année (sur la base du SMIC horaire). Si l’on travaille à temps partiel, ce système permet de valider quatre trimestres par an. Et depuis la réforme de janvier 2014, ce seuil a été abaissé pour faciliter la validation des semestres, notamment pour ceux travaillant en 1/3 temps.
Ainsi selon le compte rendu du COR : « Désormais un salaire représentant 150 fois le SMIC horaire (au lieu de 200 fois auparavant) permet de valider un trimestre, dans la limite de quatre trimestres par année civile. »
L’écart entre les pensions est donc encore important mais se réduit petit à petit. Il faut noter qu’outre le montant des pensions, le COR a aussi pris en compte le niveau de vie moyen où les différences sont moins marquées car elles dépendent fortement des couples. Et le temps de retraite a aussi été observé. Il serait pour les générations plus récentes assez faible : environ de 2 à 3 % par exemple pour les retraités nés en 1950.
Sources : COR