A l’avenir, les systèmes de santé n’homologueront peut-être plus aussi facilement qu’auparavant certains médicaments. La National Health Service (NHS), le système de santé publique britannique, a refusé pour la première fois d’homologuer un traitement contre le cancer du sein, non pas pour son manque d’efficacité mais… pour son prix, jugé trop excessif. Le médicament en question est Kadcyla, du laboratoire Roche, homologué dans l’Union Européenne depuis novembre. Il permet de traiter des patients atteints d’une forme particulière et très agressive de cancer du sein.
C’est une première en Europe. D’après le journal Les Echos, ce type de refus devrait se multiplier dans les années à venir. L’affaire révèle en effet que les laboratoires cherchent aujourd’hui à se positionner dans la recherche, le développement et la commercialisation de molécules à des prix élevés, et qui soignent des maladies touchant un nombre de patients limités. Ainsi, dans le cas de Kadcyla, pour bénéficier de 14,5 mois d’utilisation, il faudra débourser 112 000 € par patient. Un autre récent exemple indique que le laboratoire Roche n’est pas le seul à s’engouffrer dans cette brèche. Le médicament Yervoy, traitement contre le cancer de la peau, affiche, en effet, une note qui s’élève à 120 000 dollars par patients.
Pourquoi les laboratoires se repositionnent sur des médicaments coûteux ?
Patrick Biecheler, senior partner chez Roland Berger et interviewé par Les Echos, indique que les laboratoires ciblent leurs recherches sur des pathologies invalidantes qui concernent des populations restreintes. Le modèle des médicaments soignant des pathologies communes à prix peu élevés, et qui s’adressent au maximum de personnes, ne fonctionne désormais plus.
Comment est fixé le coût du médicament, en France ?
Le coût du médicament est fixé par la Sécurité sociale, suite à une procédure très encadrée. En voici les étapes :
- Le laboratoire doit obtenir une autorisation de mise sur le marché,
- La Haute Autorité de Santé doit valider le service médical rendu sur une échelle de 1 à 5 et évalue le nombre de patients potentiels,
- Une commission organisée par le Comité économique des produits de santé rassemble des industriels, la Sécurité sociale et des mutuelles et négocient le coût final du médicament.
Certaines négociations peuvent être difficiles, les laboratoires pharmaceutiques faisant pression sur l’État en mettant dans la balance les emplois générés par la vente du produit, par exemple. La négociation autour des médicaments qui touchent une population restreinte est un peu différente, car les laboratoires doivent s’engager auprès de la Sécurité sociale sur un volume de ventes, et donc sur un coût. En cas de dépassement de ce volume de ventes, c’est le laboratoire qui devra rembourser l’État du surplus.
Quand la loi contourne le coût d’un traitement
La dégénérescence maculaire liée à l’âge, ou la DMLA, est une maladie assez courante. Problème : le coût du traitement « officiel » est très élevé : environ 900 € par injection. La Sécurité Sociale a signé un amendement, en juillet 2014, visant à autoriser les médecins à prescrire l’anticancéreux Avastin dont le coût est moins élevé (compter 30 à 50 € par injection) au lieu du traitement habituel.
Jusqu’à présent, le recours à un autre médicament ne pouvait intervenir que si aucun médicament n’existe pour le cas du patient. Ainsi, le gouvernement a dû modifier la législation pour permettre l’utilisation de ce médicament à la place d’un autre, par soucis d’économie…
- Sources :
Comment se déroulent les négociations entre pouvoirs publics et industriels ?