« Le 25 », c’est le nouvel espace de co-working dédié à l’entrepreneuriat lancé par l’Université Jean Moulin Lyon 3 et le groupe Alptis. Il accueille actuellement quatre start-up, qui sont hébergées dans les locaux de notre maison-mère. Nous les avons rencontrées afin d’en savoir plus sur leur activité et sur la création de leur entreprise. Première interview de Tanguy Bard de Coutance, directeur-associé de la société Biodegr’AD.

Bonjour Tanguy, pouvez-vous nous présenter votre activité ?
Biodegr’AD est une régie de supports publicitaires éphémères spécialisée dans les marquages temporaires au sol. Notre travail se base sur deux concepts, le « clean tag » et le « clay tag ». Le « clean tag », notre cœur de métier, consiste en la création d’un contraste entre propreté et saleté sur les trottoirs. Ces « marquages propres » sont réalisés à l’aide d’un système de nettoyage à haute pression et d’un pochoir en acier. Le « clay tag », quant à lui, est créé avec de la peinture biodégradable à base aqueuse ou à base de craie.
Comment vous est venue cette idée ?
Mes associés, Emeric et Guillaume, et moi-même sommes tous trois passionnés de « street art », autrement dit, de peinture urbaine. En faisant des recherches, nous avons découvert le « clean tag » dont la notoriété s’est développée grâce à des artistes américains. Nous souhaitions lier art urbain, créativité et communication tout en restant respectueux de l’environnement.
Comment procédez-vous pour limiter l’impact environnemental ?
Les matériaux que nous utilisons sont éco-responsables. La peinture est biodégradable, l’eau est non-potable et provient des fleuves environnants. En ce qui concerne la découpe des plaques pour les pochoirs en acier, nous travaillons avec une société lyonnaise afin de limiter la pollution engendrée par les transports.
C’est quoi le « plus » de Biodegr’AD ?
Le support publicitaire que nous proposons est bien moins coûteux que les supports traditionnels. De plus, nous disposons de plus de 10 000 emplacements stratégiques dans toute la France. Nous étudions les déplacements et les comportements des consommateurs afin de placer les messages au plus proche du cœur de cible de nos clients.
Comment avez-vous financé votre projet ?
Grâce à des apports personnels dans un premier temps. Nous avons ensuite obtenu un prêt d’environ 90 000 € de la région Rhône-Alpes via les dispositifs Rhône Développement Initiative et France Initiative. Ces prêts, souvent à taux zéro, sont une solution idéale pour des personnes n’ayant pas forcément accès aux institutions financières classiques.
Avez-vous participé à des concours pour compléter ces financements ?
Oui, nous avons reçu le « Prix de l’innovation » du Printemps des Entrepreneurs et le « Prix étudiants entrepreneurs » du Moovjee – le Mouvement pour les jeunes et les étudiants entrepreneurs – grâce auxquels nous avons perçu une somme d’environ 2 000 €. L’accompagnement dont nous avons bénéficié a été considérable.
De quel(s) statut(s) disposez-vous ?
Biodegr’AD est une SAS et nous sommes des travailleurs salariés.
Nous disposons également du statut « étudiant entrepreneur ». Grâce à ce statut mis en place par l’Etat, toute personne ayant un projet d’entreprise a l’opportunité de démarrer son activité tout en gardant le statut étudiant. Il donne accès à des formations que l’on peut choisir en fonction de ses besoins (comptabilité, ressources humaines…).

A quels obstacles avez-vous été confrontés lors de la mise en place de ce projet ? (démarches administratives, fiscalité…)
La plus grosse problématique est de commencer à travailler sans se verser de salaire le temps que l’activité démarre. Les démarches administratives ne sont pas complexes, elles sont surtout onéreuses. Pour créer une entreprise, rien qu’au niveau administratif, il vous faut au moins 1 000 €. Divers leviers permettent un remboursement partiel de ces dépenses par le biais de déductions d’impôts par exemple. En ce qui concerne la fiscalité, nous avons rapidement dû faire appel à un cabinet comptable ce qui rajoute environ 1 500 à 2 000 € dans le budget annuel.
Quelles difficultés rencontrez-vous au quotidien ?
Il faut veiller à bien suivre les flux de trésorerie. Les rentrées d’argent arrivent parfois en décalage avec les dépenses effectuées. Si vous n’avez pas de solutions de repli, un prêt ou une somme dédiée aux aléas, les variations de trésorerie peuvent se reporter sur le versement des salaires. Le salarié est la variable d’ajustement de l’activité.
Comment êtes-vous entrés en contact avec vos clients ? Combien en comptez-vous actuellement ?
En démarchant, il n’y a pas de secret. Nous travaillons actuellement pour une quarantaine de clients dont Air France, Lavazza, Samsung, SFR, Nespresso, Kia…
Travailler dans un espace de co-working, qu’est-ce que ça apporte ?
L’avantage est de ne pas être isolé. Travailler en espace de co-working donne accès à une information riche, pertinente et instantanée de par l’échange avec les autres start-up. Les rencontres, le partage d’expérience, le soutien mutuel… tout ça c’est important.
D’après vous, de quelles qualités faut-il être doté pour réussir quand on crée son activité ?
Etre curieux, débrouillard et humain. Il faut essayer d’innover dans les solutions adoptées pour résoudre les problèmes. Il faut également savoir fédérer, rassembler les parties prenantes qui souhaitent vous apporter leur soutien.
Connaissez-vous le dispositif de généralisation de la complémentaire santé à tous les salariés ? Comment avez-vous été informés ?
Oui. Toutes les entreprises doivent souscrire une responsabilité civile professionnelle, l’assureur a donc le devoir de vous en parler. Quoi qu’il arrive, en tant qu’employeur, je garde toujours un œil sur l’actualité économique et fiscale, j’ai donc très vite été averti.